
ACTUALITES SCIENTIFIQUES
Colloque International "Marguerite Duras et les Amériques" (Buenos Aires, 15 et 16 avril 2021)





Dans le prolongement de la journée d’études qui a eu lieu, en mars 2019, à l’Université de Lille, sur les rapports entre Duras et le monde anglo-saxon (liens en particulier avec la langue anglaise), et dans le cadre d’une réflexion qui porte sur les résonances de l’œuvre durassienne à l’international, le colloque de Buenos Aires cherchera à interroger les rapports entre Marguerite Duras et les Amériques (en partant sur des pistes moins explorées, celles du Sud, pour remonter vers celles plus connues du Nord).
Cette réflexion souhaite s’articuler autour de quatre grands axes :
01. Personnes et rencontres.
02. Imaginaire et représentations.
03. Voyages.
04. Descendances et influences.
Nous proposons aux contributeurs les éléments de réflexion suivants :
DURAS ET L’ARGENTINE :
Dans Paris no se acaba nunca, Enrique Vila-Matas évoque le « grupo argentino de Paris », qui gravitait autour de Marguerite Duras, auquel appartenaient notamment les écrivains Copi et Raul Escari. Fin 2019, Alfredo Arias, qui a connu Duras, vient d’adapter au théâtre La Passion suspendue. Or, on sait que Duras avait fait appel, tant au niveau théâtral que musical, à des artistes argentins proches d’Arias. On pense, entre autres, aux chansons India Song ou Mañana Goodbye, au rythme andin entêtant de Baxter Vera Baxter, composés par le franco-argentin Carlos d’Alessio, ou bien aux décors de Roberto Plate pour Savannah Bay. En 1981, la version de Duras de La Bête dans la jungle avait réuni les trois Argentins : Alfredo Arias à la mise en scène, Plate pour les décors, et d’Alessio pour la musique. Au-delà d’une réflexion sur ces collaborations, il apparaît pertinent d’interroger l’influence que Duras a pu exercer et continue d’avoir sur des auteurs et artistes argentins actuels (comme Eduardo Pavlovski qui a publié en 2002 La muerte de Marguerite Duras, Guillermo Sacommano, Luciana de Mello, ou bien David Lamelas qui avait filmé l’interview faite par Raul Escari de Duras).
DURAS ET LES AMERIQUES :
Une autre figure témoigne d’un lien fort avec le continent américain, en l’occurrence Cuba : il s’agit du personnage d’Ernesto, qui émerge dans les années 70 dans le livre pour enfants Ah ! Ernesto, et qui évoluera jusqu’à La Pluie d’été en 1990, influencé par la personnalité et les idées de Che Guevara. Dans sa biographie Marguerite Duras, La vie comme un roman, Jean Vallier évoque une lettre à Joseph Losey, dans laquelle Duras propose de réaliser un film à Cuba à partir des textes du Che. Il serait intéressant, par conséquent, de se demander s’il n’existe pas de traces - voire appropriation personnelle comme elle savait si bien le faire - du concept de hombre nuevo, dans son idée « d’un état à venir de l’homme informé », ou dans sa représentation d’un homme révolutionnaire, de « l’homme communiste de l’an 2069 en marche vers la liberté et la générosité », dont les traits semblent apparaître dans « L’homme nu de la Bastille » (publié en 1992 et repris dans Le Monde extérieur en 1993).
Il est évident que, de façon plus large, ces rapports artistiques, littéraires, politiques et intellectuels, peuvent et doivent être interrogés pour tout le continent latino-américain et américain en général. L’influence de la littérature américaine sur l’œuvre de Duras (Hemingway, London, Faulkner) a pu être analysée à maintes reprises ; mais seules quelques analyses ont cherché à rapprocher Duras d’écrivains venus d’autres pays du continent (de la Brésilienne Clarice Lispector, de l’Uruguayenne Alicia Migdal, ou de la Canadienne France Daigle). L’écrivain mexicain David Miklos explique combien un livre comme Ecrire a eu une influence décisive sur son œuvre. On privilégiera par conséquent l’analyse de la réception et de la descendance durassienne sur les littératures «américaines». Toute proposition cherchant à explorer l’influence exercée sur les nouvelles générations sera la bienvenue. On visera de même à explorer les liens qui ont pu se tisser entre Duras et des artistes plasticiens ou des cinéastes «américains» ou à évaluer l’impact de son œuvre sur la création «américaine» contemporaine.
DURAS EN TERRES « AMERICAINES » : VOYAGES ET REPRESENTATIONS :
On ne peut, par ailleurs, ignorer les voyages les plus connus de Duras : Chicago en 1964, New York (en 1964 et 1969) ou le Canada en 1981 - on pense bien évidemment à l’ouvrage Marguerite Duras à Montréal de Suzanne Lamy et André Roy, publié la même année. Cependant, on oublie parfois de mentionner celui à Cuba en 1967 (et sa rencontre / interview avec la cinéaste Sara Gomez). Quelles influences ces voyages et ces rencontres ont-ils pu avoir sur sa pensée et son œuvre ? Pourquoi ne pas analyser plus en profond- eur l’impact qu’ont pu avoir certaines amitiés ou relations ?
LES AMERIQUES DANS L’IMAGINAIRE DURASSIEN :
On peut également se demander quelles représentations avait Duras des « Amériques ». A quoi renvoie, pour elle, le continent américain, sa culture, avant ses voyages, après, ou dans l’entre-deux ? Que représente New York, dans Les Petits chevaux de Tarquinia, pour Ludi qui cherche à convaincre sa femme de partir en voyage ? Que penser du Gringo d'Abahn Sabana David qui, dans une certaine mesure, semble faire écho au « Mexicanos » de Yes, peut-être ? Que représentent les USA pour Duras alors qu’elle adapte The Miracle Worker de William Gibson, avec Gérard Jarlot en 1961, ou The Beast in the Jungle de Henry James en 1981 ? En 1983, alors que Dominique Noguez l’interroge sur ce don visionnaire de voir la totalité à travers une partie du monde, Duras cherche à comprendre ce dont il s’agit et formule alors l’interrogation suivante : «De voir l’Amérique du Sud, New York, la France, l’argent, les milliards, dans le terrain vague d’Auchan. C’est ça ?». Que penser de ces équivalences ? En 1986, elle propose au Président François Mitterrand de parler de l’Amérique. Si elle aborde le politique, elle évoque une nouvelle fois le cinéma américain - on ne peut oublier la conversation entre Duras et Elia Kazan et on sait combien la production américaine The Night of the Hunter du britannique Charles Laughton (naturalisé américain en 1950) était important pour elle.
METTRE EN IMAGE L’UNIVERS DURASSIEN : Autres langues et autres latitudes
Nous n’excluons pas la possibilité de continuer à réfléchir sur la traduction de l’œuvre de Duras et sur la mise en images de son imaginaire (réflexion entamée lors des colloques du centenaire Duras à Cerisy ou à São Paulo en 2014). Comment s’effectue alors la transposition d’un univers à l’autre ? Il serait intéressant par le biais d’une approche interculturelle, ou contrastive dans le cas de plusieurs traductions dans la même langue, de mettre l’accent sur les oppositions et les éventuels déplacements proposés. Que penser, par exemple, des traductions de La Vie tranquille, proposée par deux des plus grandes poétesses argentines, Juana Bignozzi et Alejandra Pizarnik ?
Au-delà de la traduction, comment est actuellement mis en images, sur les planches, l’univers de Duras en Amérique latine, aux Etats-Unis, au Canada ? Comment déchiffrer les adaptations théâtrales récentes de La Douleur, par Alberto Isola et Nadine Vallejo au Pérou ou encore au Brésil par la compagnie Vulcão ?
Langues : Le colloque international aura pour langues principales de communication le français, l'espagnol, le portugais et l'anglais.
Comité scientifique : Laurent Camerini (Membre associé Thalim – Paris Sorbonne), Dr. Walter Romero (UBA – Catedra de Literatura Francesa)
Comité d’organisation : Maria Concepcion Sudato (Alliance Française de Buenos Aires), Mateo Schapire (Adjoint à la promotion et à la diffusion du livre, Institut Français d’Argentine), Membres de la Catedra de Literatura Francesa de la UBA, Laurent Camerini (Lycée franco-argentin Jean Mermoz)
Calendrier : Merci d’adresser vos propositions de communication (d’une durée de 20 minutes) en 200-300 mots, accompagnée d’une notice biobibliographique, avant le 10 octobre 2020 à Laurent Camerini et Walter Romero à l’adresse suivante : colloquedurasbuenosaires@gmail.com.
Les réponses du comité scientifique seront envoyées début novembre.
Journée d’étude annuelle Marguerite Duras
"Marguerite Duras :
Le récit à la scène / la scène dans le récit"
Mercredi 30 septembre 2020
Université de Lille (ALITHILA) – Université Paris Nanterre (HAR) -
Société internationale Marguerite-Duras
Université de Lille
Maison de la recherche
3 rue du Barreau 59653 Villeneuve d’Ascq



Sur la scène du théâtre, Duras met en valeur le récit et rejette le drame, tandis que son roman fait reposer la conduite narrative sur la promotion de la scène, au détriment du sommaire, de la description ou de l’analyse. Ainsi privilégie-t-elle le récit à la scène et la scène dans le récit. En ce chiasme se joue chez l’auteure la nature des relations entre texte et représentation.
Sur scène, Marguerite Duras appelle de ses vœux un théâtre « lu pas joué », concentré sur l’énonciation et donnant à percevoir le processus de l’œuvre en train de se faire. Elle exige dès lors de repenser la séance théâtrale comme une expérience esthétique singulière, qui s’affranchit des pouvoirs illusionnistes de la représentation et des séductions du visible pour qu’apparaisse un récit toujours recommencé, mélancoliquement attaché à faire resurgir – voir – la scène originelle où s’ancrent l’écrit et, tout autant, l’amour ou le désir du crime.
Dans le roman de Marguerite Duras, que la scène présente un arrière-plan convenu (« scène typique ») ou qu’elle mette en relief un événement décisif (« scène dramatique »), elle accorde à la dimension visuelle une importance de premier plan. Le lecteur est convié à assister à une action comme sous ses yeux se déroulant mais par les mots s’exécutant. Rhétoriquement, la scène est proche du tableau ou de l’hypotypose : chez Duras, elle ouvre sur l’Autre scène, celle des scénarios fantasmatiques, accordant une place particulière aux scènes originaires.
Du côté du théâtre, cette journée d’études propose d’interroger les potentialités scéniques du récit durassien et les dispositifs de convocation, diversifiés, que le théâtre « lu pas joué » a inspirés ou implique sur la scène actuelle. Les communications pourront s’appuyer sur des spectacles mis en scène par Duras mais aussi d’autres metteurs en scène ou chorégraphes, se concentrer sur le travail des acteurs, des scénographes, des concepteurs son ou lumière.
Du côté du roman ou du récit de Marguerite Duras, l’interrogation pourra porter sur les relations entre la scène et la structure narrative d’ensemble (la scène porte-t-elle atteinte au récit comme totalité ? force-t-elle à la répétition ? modifie-t-elle le déroulement de l’histoire, son climax ou sa chute ?), mais également sur les topoï que chez Duras la scène mobilise et renouvelle.
Au théâtre comme dans le roman, les communications pourront également s’attacher à examiner la question de la voix au sein des relations entre scène et récit ou bien penser la nature esthétique ou sémiologique des liens entre texte et représentation qui animent l’œuvre de Marguerite Duras.
Pour consulter le programme,
cliquez sur l'image à votre droite :
Journée d’étude annuelle Marguerite Duras
"Marguerite Duras et le monde anglo-saxon"
Vendredi 15 mars 2019
Université de Lille (ALITHILA) – Société internationale Marguerite-Duras
Université de Lille
Maison de la recherche
3 rue du Barreau 59653 Villeneuve d’Ascq


Perçue comme « l’Hemingway français », Marguerite Duras, dans ses débuts, s’est placée sous l’influence de la littérature américaine. Ensuite, émancipée de cette inspiration, elle introduira, dans certains de ses titres ou de ses romans, des mots appartenant à la langue anglaise.
Ernesto se voit pourvu de brothers et de sisters ; dans Emily L., la poétesse parcourt le monde en bateau avec son Captain ; des textes se nommeront Yes, peut-être, India Song ou Le Navire Night.
Dans le cycle indien, l’onomastique révèle l’importance des références anglaises. Si certains lieux s’appellent U. Bridge ou T. Beach, et si certains personnages ont pour nom Jacques Hold, Michael Richardson ou Peter Morgan, est-ce pour relancer l’écriture en la confrontant à ses autres ?
Conscients de la part faite à la langue anglaise, nous proposerons de nous intéresser à l’occasion de cette journée d’étude aux relations de Marguerite Duras avec le monde anglo-saxon tant du point de vue des références culturelles, que des jeux avec l’étrangeté de la langue étrangère.
Viewed in her early stages as the “French Hemingway”, Marguerite Duras initially placed herself under the influence of American literature. Subsequently, freed from that inspiration, she would introduce words from the English language in the titles of certain of her novels.
Ernesto finds himself endowed with “brothers” and “sisters”; in “Emily L.”, the poet travels the world in a ship with its “captain”; works would be entitled “Yes, peut-être”, “India Song” or “Le Navire Night”.
In the Indian cycle, naming reveals the importance of the English references. If certain locales are called U. Bridge or T. Beach, if certain characters are named Jacques Hold, Michael Richardson or Peter Morgan, might this be in order to re-animate writing by bringing it into contact with Other-ness?
Aware of the role played by the English language, we propose, for this Study Day, to consider the relation of Margerite Duras to the English-speaking world, with regard to both the cultural references and the games being played with the foreigness of the foreign language.
Pour consulter le programme,
cliquez sur l'image à votre droite :
Colloque 23 et 24 novembre 2018 à Tokyo : « Marguerite Duras, une critique de la raison »
Ce colloque entend s’inscrire dans le sillon tracé par l’ouvrage de Françoise Barbé-Petit (Marguerite Duras au risque de la philosophie, Kimé, 2010), d’une part, ainsi que dans ceux ouverts par les colloques de Göteborg (2007), sur Duras et la pensée contemporaine, et de Tokyo sur Duras et la politique après la guerre (Rikkyo, 2016). Cependant, il espère faire surgir de nouvelles pistes concernant les interactions entre la pensée durassienne, la philosophie et le politique.
En effet, tout n’a pas été dit – loin s’en faut – sur les rapports qu’entretient Duras avec la pensée spéculative et le politique. Bien qu’elle ait souvent affirmé qu’elle détestait la réflexion théorique, elle n’a pourtant pas manqué d’y faire appel lorsque la situation, notamment politique, l’exigeait. Néanmoins, cette pensée s’articulait aux exigences éthiques de ses propositions esthétiques formulées par l’écriture – qu’il s’agisse de la syntaxe scripturaire ou cinématographique –, et jamais selon un parti pris idéologique ou dogmatique. Ce qui a pu donner, parfois, au discours durassien l’apparence d’une cacophonie parfaitement contradictoire.
Il s’agit, cependant, d’une apparence toute superficielle, qui disparaît sitôt que l’on creuse davantage les positions esthétique et éthique défendues par l’auteure. Ainsi, par exemple, clamant dans Le Camion que «Marx, c’est fini», Duras n’en finissait cependant pas de défendre un certain «communisme de pensée», qu’elle ré-élaborait sans fin; ce que Blanchot n’avait pas manqué de pointer dans sa « Communauté inavouable » (Minuit, 1984).
Ce colloque souhaite donc creuser davantage encore les différentes strates de la pensée durassienne dans ses interactions avec la critique de la raison. Prise en son sens philosophique le plus large possible, celle-ci inclut donc les questions du religieux et du métaphysique. On se rappellera, ici, entre autres, la passion de Duras pour les textes pascaliens.
On aimerait, particulièrement, que la “pensée-Duras” soit, à cette occasion, analysée à l’aune du politique qui a nourri toute son œuvre, qu’il s’agisse de l’œuvre écrite comme cinématographique – à ce sujet, il est intéressant de relever que ses propos sur le ou la politique sont toujours les plus explicites, et parfois virulents, dans le cadre de ses travaux sur le cinéma (on a déjà cité Le Camion, mais Nathalie Granger, Aurélia Steiner, Les Mains négatives, Les Enfants, ou encore son ouvrage Les Yeux verts, ses entretiens avec Dominique Noguez, ou le scénario de Hiroshima mon amour, sont parmi les œuvres dans lesquelles le politique tient sans doute le plus de place). Dès lors, pour ce faire, toutes les entrées dans l’œuvre, tous les modes d’analyse sont les bienvenus.
Ainsi, les études synchroniques comme diachroniques seront appréciées, afin que les différentes interventions faites lors du colloque permettent de restituer, in fine, aussi bien les positionnements ponctuels – engagement dans la résistance, contre la guerre en Algérie, pour l’insurrection de mai 68, pour la légalisation de l’avortement – que les engagements dans la durée de la part de l’écrivaine.
De même, il sera intéressant d’interroger ses silences sur certains événements historiques qui l’ont certainement touchée de près. On peut penser, par exemple, à la guerre d’indépendance du Vietnam.
Enfin, on pourra, à cette occasion, analyser l’importance des enjeux du féminisme et des questions liées à l’homosexualité dans l’évolution de sa pensée, parfois au risque d’un reniement éthique dans ce dernier cas.
Merci d’adresser vos propositions de communication (d’une durée de 20 minutes) en 200-300 mots, et accompagnées d’une notice biobibliographie à Olivier Ammour-Mayeur :
, avant le 15 février 2018 / Réponses : 30 avril 2018
Langue du colloque : français.
Appel à contributions – Call for papers – revue de psychanalyse S
For the most part, Lacanian discussions of Marguerite Duras’ work have focused on The Ravishing of Lol V. Stein. While this should not surprise – the novel was presented by Michèle Montrelay during Lacan’s Seminar in 1965 and Lacan himself devoted a short essay to it – it also raises the question whether other novels, theatre texts or films by Duras can be approached from a Lacanian point of view, to an equally illuminating effect.
The editors of S invite you to present readings of texts and films by Duras, other than Lol V. Stein. This may also be an occasion to address more general topics such as love, sexual difference, voice, gaze, repetition and politics, via a confrontation of Duras with Lacan.
If interested, please contact the editors before June 30, 2017. Publication date: December 2018.